« Les chrétiens sont baptisés » au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19).
Auparavant ils répondent » Je crois » à la triple interrogation qui leur demande de confesser leur foi au Père, au Fils et à l’Esprit : » La foi de tous les chrétiens repose sur la Trinité » » (Catéchisme de l’Église Catholique, 232)
La foi en la très sainte Trinité il est tellement particulière aux chrétiens, que même le peuple hébreu n’en eu pas pour la plupart la connaissance expresse, et jamais les païens y sont arrivés. Le serviteur de Dieu, l’archevêque Fulton Sheen, parlait ainsi du mystère de la Très Sainte Trinité :
« Trois en un, Père, Fils et Saint-Esprit ; trois personnes en un seul Dieu ; un par essence, distinction des personnes, tel est le mystère de la Trinité, telle est la vie intérieure de Dieu. Tel que je suis, je sais, et j’aime et pourtant je suis un ; de même que les trois angles d’un triangle ne font pas trois triangles mais un seul ; tout comme la chaleur, la puissance et la lumière du soleil ne font pas trois soleils, mais un seul ; tout comme l’eau, l’air et la vapeur sont tous des manifestations d’une seule substance ; de même que la forme, la couleur et le parfum de la rose ne font pas trois roses, mais une seule ; de même que notre âme, notre intellect et notre volonté ne font pas trois substances, mais une seule ; tout comme une fois une fois une fois fait un, et ne fait pas trois, mais un (1x1x1=1) — de même, d’une manière beaucoup plus mystérieuse, il y a trois Personnes en Dieu et pourtant un seul Dieu. … La plus grande merveille de toutes est donc qu’étant parfait et jouissant d’un bonheur parfait, il n’ait jamais dû créer un monde. Et s’Il a effectivement créé un monde, Il ne pouvait avoir qu’un seul motif pour le créer. Cela ne pouvait pas rien ajouter à sa perfection ; cela ne pouvait rien ajouter à sa vérité ; cela ne pouvait pas augmenter son bonheur. Il a créé le monde uniquement parce qu’il aimait. » (The Divine Romance: The Blessed Trinity, Part 2).
Le Père Louis Bourdaloue, un brillant prédicateur du XVIIème siècle nous a laissé les suivantes lumineuses considérations sur le mystère de la sainte Trinité :
“Croire un Dieu en trois personnes, c’est le plus grand hommage de foi que la créature puisse rendre à Dieu. Je ne puis me former de Dieu une plus haute idée que quand je reconnais qu’il est incompréhensible. Or, dans quel mystère Dieu est-il plus incompréhensible à l’homme ? n’est-ce pas dans la Trinité ? D’où il s’ensuit que je ne puis plus exalter de ma part le souverain être de Dieu, que par la créance de cette ineffable Trinité. Telle est notre foi. Nous la professons de bouche, nous disons assez que nous serions prêts à mourir pour la défendre : mais il ne s’agit point présentement de mourir pour la foi ; il s’agit de la soutenir et de l’honorer par l’innocence et la pureté de nos mœurs. Croire un Dieu en trois personnes, c’est le plus grand sujet de confiance que la créature puisse avoir en son Dieu. Quand on nous instruit au christianisme, par où commence-t-on ? par ce qu’il y a de plus relevé et de plus difficile à croire, qui est le mystère de la Trinité. Pourquoi s’attache-t-on d’abord à cet article ? parce que c’est le fondement de toute notre espérance ; car je ne puis être sauvé sans la foi d’un Dieu en trois personnes : comme cette foi demande un plus grand effort de notre part, aussi la profession que nous en faisons est-elle d’un plus grand mérite. …
La formule de foi que nous prononçons en confessant la Trinité, et conçue en ces termes : Au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. Cette formule est si sainte et si vénérable dans notre religion. De là vient que nous la mettons à la tête de toutes nos actions, afin qu’elle les sanctifie et qu’elle les rende méritoires. Pratique qui nous est venue des apôtres, et que l’Église observe solennellement et constamment dans tous ses divins offices.
Si nous l’avions jusqu’à présent observée nous-mêmes dans le même esprit et avec la même piété que l’Église, combien de mérites aurions-nous acquis devant Dieu ? Quand, à l’heure de notre mort le prêtre priera pour nous, quel nom emploiera-t-il pour rendre ses vœux plus efficaces? Les noms du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. Et quand, s’adressant à Dieu, il lui recommandera l’âme du mourant, de quelle raison se servira-t-il? De celle-ci : Quoi qu’il ait péché, Seigneur, il a confessé voire auguste Trinité.
Croire un Dieu en trois personnes, c’est avoir devant les yeux le plus puissant motif et le plus excellent modèle de la charité qui doit nous unir en Dieu et selon Dieu.
1° La foi de la Trinité est le motif et comme le lien substantiel de la charité qui doit être entre nous ;
2° le mystère de la Trinité en est encore le grand modèle que Jésus-Christ nous a donné dans son Évangile.
1° La foi de la Trinité doit être le lien de notre charité mutuelle.
Ainsi l’enseigne saint Paul : Puisque vous n’avez tous qu’un même Dieu, disait-il aux premiers fidèles, que vous n’avez tous qu’une même foi, que vous n’avez tous qu’un même baptême, et que vous ne faites tous qu’un même corps, qui est l’Église, n’est-il pas juste que vous n’ayez tous qu’un même esprit ? Au nom de qui avez-vous été baptisés, ajoutait le même apôtre, pour arrêter certaines discordes ? n’est-ce pas au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, et cette unité de religion ne doit-elle pas former entre vous l’union des cœurs ?
2° Le mystère de la Trinité est le grand modèle de notre charité.
Que demandait Jésus-Christ à son Père pour ses disciples ? Qu’ils ne fussent qu’un entre eux, comme le Père et le Fils, dans l’auguste Trinité, ne sont qu’un. Dans cette Trinité adorable, point d’intérêts différents, point de sentiments opposés, point de volontés contraires.
Nous formons-nous sur ce modèle ? Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
De cette foi, dit saint Augustin, que nous regardons comme le plus précieux trésor de l’Église ; cette foi qui justifie les pécheurs, qui sanctifie les justes, qui baptise les catéchumènes, qui couronne les martyrs, qui consacre les prêtres, qui sauve tout le monde. Père tout-puissant, vous avez formé nos cœurs, et vous êtes toujours maître de les tourner comme il vous plaît ! Fils égal à votre Père, et éternel comme lui, mais fait chair pour nous, vous nous avez rassemblés sous une même loi, et c’est une loi d’amour ! Esprit-Saint, vous êtes l’amour substantiel du Père et du Fils, et c’est par vous que la charité est répandue dans les âmes ! Trinité souverainement adorable et aimable, c’est de votre sein que nous sommes tous sortis, et c’est dans votre sein que vous voulez tous nous rappeler ! Unissez-nous sur la terre, comme nous devons l’être dans l’éternité bienheureuse, ”
(Oeuvres complètes de Bourdaloue. Publiées par des Prêtres de l’Immaculée-Conception de Saint-Dizier (Haute-Marne). Tome troisième, Tours 1864, pp. 129-130)
Sainte Elisabeth de la Trinité nous a laissé cette courte et émouvante prière :
« O mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à Vous comme une proie ; ensevelissez-vous en moi, pour que je m’ensevelisse en Vous, en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs. »
Faisons nôtre cette brève prière de saint Hilaire de Poitiers : « Je t’en prie, ô mon Dieu, conserve intacte la ferveur de ma foi et jusqu’à mon dernier souffle donne-moi de conformer ma voix à ma conviction profonde. Oui, que je garde toujours ce que j’ai affirmé dans le symbole proclamé lors de ma nouvelle naissance, lorsque j’ai été baptisé dans le Père, le Fils et l’Esprit Saint ! » (Traité de la Trinité III, 57).
Mgr Athanasius Schneider
26 Mai 2024